Ils sont en première ligne durant la crise... les employeurs de l'ESS

L’UDES est mobilisée depuis le début de la crise sanitaire pour relayer les préoccupations des employeurs de l’ESS et alerter les pouvoirs publics sur les grandes difficultés engendrées par la situation exceptionnelle que notre pays traverse.

L’UDES poursuit son action afin que l’économie sociale et solidaire soit durablement et efficacement prise en compte dans la gestion de cette crise sanitaire et économique sur l’ensemble du territoire. Vous pouvez consulter ici les actions menées en Occitanie.

Afin de poursuivre le travail de plaidoyer auprès des acteurs politiques locaux - dans un contexte où les plans de relance régionaux et nationaux sont en passe d’être engagés - l’UDES souhaite désormais mettre en avant les actions et l’engagement des entreprises de l’ESS durant la crise en donnant la parole aux employeurs mobilisés en première ligne.

Aujourd’hui, Frédérique Darnatigues, Directrice pédagogique de l’AMS Grand Sud

Interview de Frédérique Darnatigues

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre structure en quelques mots ?

Entreprise associative à but non lucratif, loi 1901, du secteur de l’économie sociale et solidaire, AMS Grand Sud, ou Association pour la Mobilisation des Savoirs, poursuit comme objectif la formation professionnelle initiale et continue des individus pour le développement de leur autonomie et dans différents secteurs d’activité économique dont particulièrement ceux du secteur de la santé, du social et du médico-social.

AMS Grand Sud inscrit son activité dans la perspective d’apporter sa contribution à la progression sociale et professionnelle des individus et de la société. Née il y a plus d’une trentaine d’années, de l’initiative de syndicats militants et mutualistes visant à accompagner des travailleurs immigrés dans l’alphabétisation, l’association inscrit depuis son action dans le cadre des politiques publiques de lutte contre le chômage, de lutte contre l’illettrisme et pour la maitrise de la langue, de lutte contre l’illectronisme, de développement des compétences des actifs et plus particulièrement ceux de premier niveau de qualification.

  • Laïcité, tolérance, équité, humanisme constituent depuis 35 ans son socle de valeurs. C’est donc tout naturellement que l’association défend :
  • La promotion des individus vulnérables et/ou peu qualifiés
  • Le principe d’égalité des chances
  • La lutte contre toutes formes de discrimination

AMS Grand Sud est adhérent au SYFNODES, le syndicat national des organismes de formation de l’économie sociale, adhérent de l’UDES.

L’association implantée en région Occitanie, compte à ce jour 90 salariés et 14 lieux de formations.  

Comment avez-vous vécu cette crise au sein de votre structure ?

Période de confinement (du 13 mars au 11 mai). Au cours des premières semaines de confinement, notre énergie s’est concentrée sur 3 points gérés concomitamment :

  1. Le maintien de service au maximum par la transformation en formation à distance (FAD) sur le plan administratif, organisationnel et pédagogique. Cette phase de transformation des actions de formation et des accompagnements du présentiel vers des dispositifs à distance s’est faite de façon progressive, en fonction des directives de nos commanditaires et financeurs et a impacté l’ensemble des parties prenantes (OF partenaires, encadrement d’AMS, personnels formateurs et administratifs et stagiaires).
  2. L’organisation du travail à distance et l’ajustement des moyens humains au niveau d’activité au fur et à mesure de la montée en charge de la transformation en FAD.
  3. L’action « politique et stratégique », en s’appuyant en particulier sur le synofdes, pour faire reconnaitre les préjudices subis par la branche formation et faire prendre en compte les besoins de sécurisation dans les clauses de transformations de nos contrats avec nos commanditaires.

Durant cette période complexe et inédite à gérer, certains salariés ont ainsi dû apprendre à travailler dans des conditions nouvelles, à faire évoluer leur exercice professionnel dans un délai court. Pour beaucoup d’entre eux, le maintien dans l’activité s’est accompagné d’une partie de leur temps en chômage technique tandis que certains ont été en chômage technique sur la totalité de leur temps. De 17 personnes dont l’activité avait été maintenue à temps partiel ou complet au démarrage du confinement, l’accompagnement d’une reprise d’activité à distance nous a amené progressivement à un effectif de 45 salariés mobilisés, soit environ 50% du temps de travail total habituel à la fin de la période de confinement. 
Durant cette période, un nouveau profil de poste a émergé : celui de formateur/tuteur FAD.

Période de déconfinement (à partir du 11 mai). Notre organisme de formation n’ayant pas cessé de fonctionner durant la période de confinement, le déconfinement n’a pas consisté à proprement parler en une reprise d’activité mais plutôt en une reprise progressive de l’accueil physique du public. Pour conduire cette nouvelle étape, nous avons hiérarchisé nos priorités afin de : 

  • Garantir la santé et la sécurité des salariés et des stagiaires, dans le strict respect du protocole sanitaire
  • Permettre au plus grand nombre de stagiaires en suspension de reprendre leur formation. En effet, une part importante des stagiaires en formation le 13 mars avaient suspendu leur participation prioritairement pour des raisons d’accessibilité au numérique (problème matériel ou de connexion, appréhension liée à la prise en main numérique, difficultés liées à la garde d’enfants ou sentiment de dégradation de la prestation). Les plus fragiles des publics se trouvaient immanquablement dans cette situation. 
  • Valoriser les investissements opérés pour transformer en FAD
  • Mettre en place une organisation qui permette de maitriser l’équilibre budgétaire 

Pour cela, nous avons décidé de prolonger l’animation de formation en distanciel en utilisant les lieux physiques de nos centres de formation comme des tiers lieux de consultation numérique avec le soutien d’un e-accompagnateur sur place qui, après celui de formateur/tuteur FAD, constituait un nouveau profil de poste émergeant.
Cette disposition avait pour objectif de :

  • « Raccrocher » les stagiaires en suspension.
  • Capter des prescriptions nouvelles sur des actions existantes.
  • Capter des prescriptions nouvelles sur des actions nouvelles.

Concernant la disponibilité des personnels, il a été décidé dans un premier temps de poursuivre selon la méthode utilisée lors du passage en FAD consistant à solliciter le personnel en fonction de besoin de montée en charge progressive de l’activité au fur et à mesure (ajustement de besoin et de moyen). Au cours du mois de mai, le retour à l’activité des personnes en chômage technique complet s’est basé sur le volontariat sollicité par les responsables. 

À ce jour, la reprise reste échelonnée et progressive. AMS Grand Sud utilise les leviers ouverts par le déconfinement progressif pour renforcer l’accès des publics à la formation tout en assurant cet accueil dans un contexte de prise de risque maitrisé par la détention des moyens logistiques et matériels adaptés (gel hydro alcoolique, masques, circulation et asepsie des locaux, couverture assurantielle, recours à la mixité des modalités pédagogiques, allégement des effectifs stagiaires par salle…). 

Durant la période de confinement, le dialogue avec les salariés a été maintenu, voire renforcé à travers plusieurs actions spécifiques :

  • Points d’étape réguliers sur l’état de la situation, à travers des envois de mails réguliers, menés parallèlement auprès du CSE et de l’ensemble des salariés
  • Mise en place et mise à jour régulière d’une FAQ pour répondre aux questions des salariés.
  • Mise en place sur notre plateforme numérique d’un espace collaboratif intitulé « ô Balcon », visant le partage de ressources en accès libre, organisé en plusieurs rubriques et modéré par une formatrice sur un temps dédié (voir détail point suivant). 

Quelles actions spécifiques votre structure a-t-elle mis en place durant cette crise ?

La transformation de nos formations présentielles en FAD a été rendue possible par les investissements importants qu’AMS Grand Sud a déployé durant ces dernières années sur le champ de l’innovation pédagogique :

  • Développement d’une plateforme de formation à distance construite sur mesure (AMS Connect).
  • Mise en place d’un système de mutualisation numériques des ressources pédagogiques internes.
  • Accompagnement/formation des personnels aux pratiques de formation multimodales
  • Structuration d’un service pédagogique et recrutement d’une responsable de la formation à distance.

Pour accompagner le changement induit par la transformation de nos formations présentielles en FAD, AMS Grand Sud a déployé, dès le début du confinement, un dispositif d’appui aux formateurs porté par le service pédagogique :

  • Appui technique à l’utilisation de la plateforme numérique
  • Accompagnement à la prise en main et à l’animation pédagogique des classes virtuelles et visioconférences
  • Capitalisation et mutualisation des ressources
  • Formations internes portant sur les pratiques d’animation en FAD
  • Par ailleurs, dans le cadre du FNE, deux parcours de formation ont été proposés aux personnels en chômage technique :
  • Pour les personnels administratifs : formation Excel (11 salariés, 19h par individu)
  • Pour les personnels formateurs :  S’initier à la formation à distance (27 salariés, 17,5h par individu)

Zoom sur l’espace collaboratif « Ô Balcon » : « Espace collaboratif de respiration, de décompression, de partage de ressources en accès libre, d’idées inédites pour vivre au mieux ce temps suspendu » (Phrase introductive au forum)

Pour remédier en partie au manque de relations sociales et à l’ennui ou absence de perspectives, nous avons mis en place sur notre plateforme numérique un forum « ô Balcon », animé et modéré par une collaboratrice volontaire sur son temps de travail. 
Pour construire et faire vivre cet espace de détente et de partage d’information, il s’agissait de mener une veille sur des ressources proposées en accès libre sur internet (beaucoup de ressources ont été mise à disposition pendant la période de confinement, particulièrement dans les domaines de la culture, de l’auto-formation) puis de les structurer en rubriques de façon à faciliter l’accès et la sélection des informations pour les utilisateurs. Le classement et la présentation des ressources étaient structurés de la façon suivante :

  • Espace bien-être et créativité découpé en 6 rubriques : sophrologie, outils d’ancrage, art thérapie, pensée positive, bien-être, créativité.
  • Espace humour découpé 3 rubriques : vidéos, illustrations, traits d’humour
  • Espace culture et curiosités découpé en 8 rubriques : cinéma, films d’animation, musées, théâtre, musique, lectures, presse, documentaires
  • Espace Jeux et ateliers créatifs découpé en deux rubriques
  • Espace auto-formation

Au-delà de la mise à disposition de ressources, cet espace proposait également un forum de discussion ouvert à l’ensemble des salariés, quel que soit leur statut (en activité ou en chômage technique).

Au total, 894 utilisateurs (dont 102 salariés ou administrateurs d’AMS Grand Sud) ont été inscrits à « Ô Balcon ». 

Après annalyse du niveau de fréquentation des utilisateurs, nous avons remarqué que le PIC de la fréquentation se situe entre le 26 avril et le 17 mai 2020, au moment du déconfinement.

Télécharger l'interview de Frédérique Darnatigues, Directrice pédagogique de l’AMS Grand Sud

Occitanie

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Chiffres clés

En Occitanie, l’économie sociale et solidaire emploie 213 902  salariés, ce qui représente plus de 12% de l’emploi sur le territoire, et compte 23 178  établissements, soit 10,7% du total des établissements de la région.

Source : Edition 2020 de l’Atlas commenté de l’économie sociale et solidaire, Observatoire national de l'ESS – ESS France

 

En Occitanie, l’UDES représente* plus de 98 000 salariés et environ 3 000 entreprises :

  • Services sanitaires, sociaux, médico-sociaux à domicile et services à la personne : 405 structures et 19 284 salariés
  • Etablissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux : 211 structures et 32 000 salariés
  • Mutualité : 32 structures et 14 700 salariés
  • Spectacle, Animation, Activités récréatives, Sport, Education populaire : 1 675 structures et 15 600 salariés
  • Coopératives : 545 structures et 9 300 salariés
  • Insertion, Formation, Actions de prévention et d’accompagnement à caractère social, Petite enfance : 221 structures et 6 600 salariés

Source : Analyse interne réalisée par le pôle relations sociales de l'UDES (octobre 2022)

Contacts

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