Dans les Hauts-de-France, les entreprises de l'ESS s'organisent pour répondre aux défis de demain !

Christophe Bertin est le délégué régional de l’UDES en Hauts-de-France. Avec lui, nous revenons sur le programme de travail de l’année 2020 de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire, et notamment les actions prévues dans le cadre de l’ADEC signé par l’UDES fin 2019 [accord pour le développement des emplois et des compétences]. Interview.

UDES : Bonjour Christophe. L’année 2020 s’annonce chargée pour l’UDES Hauts-de-France, avec la signature d’un ADEC avec UNIFORMATION, UNIFAF, les organisations syndicales de salariés et la DIRECCTE. En quoi va consister concrètement cet ADEC pour les entreprises de l’ESS ?
Christophe Bertin : Cela fait plus de deux ans que nous travaillons sur cet ADEC, nous sommes très heureux de voir que le projet est maintenant lancé. Concrètement, cet ADEC prévoit la mise en place de différentes actions pour les entreprises de l’ESS, pour un montant total de 352 000 €. L’ADEC comporte deux volets. Un premier consacré à la formation des salariés, cadres et dirigeants des entreprises de l’ESS, sur des thématiques jugées stratégiques pour les années à venir : mieux structurer la fonction employeur, professionnaliser la fonction RH, prévenir les risques psychosociaux, améliorer les compétences numériques des salariés, engager des démarches sur la QVT, avec la mise en place d’un espace game sur ce sujet d’ailleurs ! Pour les entreprises de moins de 50 salariés, ces formations seront gratuites. Pour les entreprises de plus de 50 salariés, les financements obtenus dans le cadre de l’ADEC vont permettre une prise en charge complémentaire pour diminuer le reste à charge de ces dernières.
Le deuxième volet de l’ADEC se concrétise quant à lui par la conception de nouvelles formations, qui n’existent pas à ce jour sur le territoire : faire évoluer le modèle économique de sa structure, évaluer l’impact social de son entreprise, utiliser le dialogue social comme levier de performance économique et sociale, découvrir la formation en situation de travail (AFEST), et utiliser le potentiel des nouvelles modalités pédagogiques. Cette dernière formation sera à destination des organismes de formation.

UDES : Cet ADEC sera également l’occasion pour l’UDES d’expérimenter des actions plus « exploratoires », c’est bien ça ?
C.B : Oui tout à fait. En fait on a constaté asse vite, dès l’étude prospective publiée en mars 2019 [ndrl : qui a servi de base à ce plan d’actions], que certains sujets revenaient régulièrement sur la table, parfois depuis plusieurs années, sans vraiment avoir fait l’objet d’un traitement spécifique par les acteurs de l’ESS. Je prends souvent l’exemple des groupements d’employeurs. Tous les acteurs que nous avons rencontrés pour construire ce plan d’action ont cités les groupements d’employeurs comme un levier pour développer l’emploi, ou réduire le temps partiel par exemples. Mais une fois qu’on a dit ça, on n’a pas vraiment avancé. Combien de groupements existent dans l’ESS ? Sur quelles branches se sont-ils développés ? Mutualisent-ils des fonctions supports, ou sont-ils véritablement intégrés sur les emplois du « cœur de métier » ? Est-ce que l’on peut mettre en lumière des facteurs clefs de succès sur ces mutualisations, ou au contraire, des stratégies à éviter ? Les autres formes de mutualisation, comme les SCIC [sociétés coopératives à intérêt collectif], sont-elles plus intéressantes ? Toutes ces questions nécessitent des réponses. C’est pourquoi nous prévoyons de réaliser un benchmark sur les opportunités offertes par les groupements d’employeurs d’ici la fin de l’année pour essayer d’aller plus loin. Une journée dédiée à ce grand dossier est prévue avant l’été. On est bien sur très ouvert pour coopérer avec des acteurs s’étant déjà investis sur ces questions. L’objectif, c’est de capitaliser sur ce qui existe déjà.

UDES : Pourquoi c’est important pour l’ESS de s’investir sur ces sujets ? Les employeurs de l’ESS ne se sont-ils pas déjà posés ces questions ?
C.B : Si, la démarche que nous avons entreprise, c’est précisément de nous baser sur les initiatives qui existent déjà pour aider toutes les entreprises de l’ESS à s’en saisir, en apprenant des autres. L’étude prospective réalisée en mars 2019 a mis en avant 3 défis pour l’ESS dans les 10 prochaines années : pérenniser nos modèles économiques, développer les compétences des salariés de l’ESS, mieux coopérer. Beaucoup d’entreprises voient bien que les enjeux de modèles économiques, de mutualisation, d’impact social sont de plus en plus présents. Notre rôle à l’UDES, en lien avec nos adhérents dans chaque branche professionnelle, c’est précisément de faire en sorte qu’on puisse agir collectivement sur ces sujets, plutôt que chacun dans son coin. Par exemple, on a l’intention de créer un observatoire des métiers et des compétences émergeantes de l’ESS. L’objectif est de faire dialoguer les branches entre-elles pour mieux s’adapter à l’évolution des compétences, qui concerne aussi nos secteurs d’activité. C’est en cela que l’ADEC est une grande avancée pour l’UDES au niveau régional, elle démontre notre capacité à proposer des services avec une vraie plus-value à nos adhérents.

UDES : Ce sujet n’est pas sans lien avec le Pacte régional d’investissement dans les compétences [PRIC]. Existe-t-il des échanges avec le Conseil régional sur ces sujets ?
C.B : Oui nous dialoguons régulièrement depuis ces derniers mois avec le Conseil régional sur le PRIC. Nous sommes actuellement en train de travailler avec eux sur la manière d’apporter une réponse aux besoins d’attractivité de certains métiers de l’ESS. Il faut avoir conscience que dans certains métiers, je pense par exemple aux éducateurs spécialisés ou aux cadres dans l’intervention sociale et éducative, un quart des effectifs a plus de 55 ans dans les Hauts-de-France. Renouveler la pyramide des âges va être un vrai défi pour ces structures ! Nous travaillons avec nos adhérents pour proposer des actions qui viennent renforcer l’attractivité de ces métiers et faire en sorte que cela soit plus facile pour un jeune de se projeter dans sa future situation de travail. Les équipes du Conseil régional sont très ouvertes pour travailler sur ces enjeux, c’est extrêmement positif.

UDES : Pour terminer, si je suis une entreprise ou un salarié de l’ESS en Hauts-de-France, quelle démarche dois-je faire pour bénéficier des actions prévues dans le cadre de cet ADEC ?
C.B : Le plus simple est de contacter son OPCO, UNIFORMATION ou UNIFAF, ou directement l’UDES*.

UDES : Merci Christophe.
C.B : Merci à vous.

 

Hauts-de-France

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Chiffres clés

En Hauts-de-France, l’économie sociale et solidaire emploie 209 049 salariés, ce qui représente 11,2% de l’emploi sur le territoire, et compte 15 758 établissements, soit près de 10% du total des établissements de la région. 

Source : Edition 2020 de l’Atlas commenté de l’économie sociale et solidaire, Observatoire national de l'ESS – ESS France

 

En Hauts-de-France, l’UDES représente* plus de 76 000 salariés et environ 2 400 entreprises :

  • Services sanitaires, sociaux, médico-sociaux à domicile et services à la personne : 187 structures et 11 551 salariés
  • Etablissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux : 172 structures et 27 258 salariés
  • Mutualité : 20 structures et 9 355 salariés
  • Spectacle, Animation, Activités récréatives, Sport, Education populaire : 1 671 structures et 15 588 salariés
  • Coopératives : 187 structures et 6 344 salariés
  • Insertion, Formation, Actions de prévention et d’accompagnement à caractère social, Petite enfance : 243 structures et 6 798 salariés

Source : Analyse interne réalisée par le pôle relations sociales de l'UDES (octobre 2022)

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