Jean Viard, sociologue et directeur de recherche CNRS au CEVIPOF, a ensuite partagé sa vision sur ce « nouveau monde » que la crise a engendré : quelle situation « anté-crise » ? Quelles tendances, négatives comme positives, a-t-elle accentuées ? Quel type de société est en train d’émerger ?
Le sociologue a tenté de répondre à ces questions en évoquant tout d’abord le « rite initiatique » de transformation du monde et des individus. La COVID-19 est arrivée au moment où les sociétés étaient en pleine mutations et vivaient une révolution industrielle, facteur de rupture entre l'Homme et son écosystème.
« Ce qu’il faut c’est voir la période d’après »
Selon lui, le développement exponentiel du numérique aura, et a déjà, des conséquences sur le maintien du lien social « Le numérique va dominer, comment on le freine ? […] Il va falloir se battre pour maintenir le lien physique ». Le sociologue souligne également la nécessité de donner du dynamisme aux territoires non métropolitains. Les populations l’ont compris. Nous allons assister à une reconquête des territoires et un exode urbain vers des espaces plus abordables, plus aérés, laissant de côté la densité. La question qui se pose aujourd’hui est « comment créer une société plus agréable pour les populations ? ».
La crise doit effectivement être perçue comme une opportunité pour les territoires qui sont « la richesse du monde de demain ». Selon Jean Viard, une nouvelle lecture sociale et spatiale se dessine autour de trois axes : le monde de l’entreprise qui va lutter contre une fin de mondialisation hégémonique, la distance de la pratique du travail dans le domaine du « care » et du soin, et la démocratisation des pratiques du travail, avec notamment le développement du télétravail et le deuxième bureau.
Il termine son propos par un autre constat « le monde écologique est le monde de demain ». Une véritable révolution culturelle émerge. L’Homme a développé des nouvelles valeurs par rapport à son entourage, son emploi, son engagement et son impact écologique.