L’UDES est mobilisée depuis le début de la crise sanitaire pour relayer les préoccupations des employeurs de l’ESS et alerter les pouvoirs publics sur les grandes difficultés engendrées par la situation exceptionnelle que notre pays traverse.
L’UDES poursuit son action afin que l’économie sociale et solidaire soit durablement et efficacement prise en compte dans la gestion de cette crise sanitaire et économique sur l’ensemble du territoire. Vous pouvez consulter ici les actions menées en Hauts-de-France.
Afin de poursuivre le travail de plaidoyer auprès des acteurs politiques locaux - dans un contexte où les plans de relance régionaux et nationaux sont en passe d’être engagés - l’UDES souhaite désormais mettre en avant les actions et l’engagement des entreprises de l’ESS durant la crise en donnant la parole aux employeurs mobilisés en première ligne.
Dominique VILLA - Directeur général de Aid’Aisne - en Hauts-de-France - répond à nos questions.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre structure en quelques mots ?
Je suis Dominique VILLA, Directeur Général de Aid’Aisne, une structure associative de l’Aisne, basée à Saint-Quentin. Nous offrons une activité de service aux personnes âgées, handicapées, malades à domicile ainsi que de prévention de la santé à tous les âges de la vie. La structure compte 240 salariés et 1000 bénéficiaires accompagnés par an. C’est une structure en transformation autonome, responsable et délibérée.
Comment avez-vous vécu cette crise au sein de votre structure ?
Si le confinement a été, comme pour beaucoup, un exercice nouveau et complexe, il a permis de trouver une autre distance avec les bénéficiaires de nos services et leur famille.
L’activité du service a été réduite en moyenne de 20 % soit par absence de personnel soit par la volonté du bénéficiaire. Globalement, nous avions plus de personnel que de besoins recensés. Certaines interventions se sont prolongées sur des activités sociales ou ludiques, des activités complémentaires ont été proposées (faire les courses, apprendre par internet, participer à des ateliers dématérialisés, des conférences virtuelles, …). Les coordinatrices de parcours, habituellement à 75 % sur le terrain, ont réduit cette activité tout en conservant du lien pour les bénéficiaires ne souhaitant plus, pour la période, nos services. Cet attachement, sans prestation facturée, de type solidaire et désintéressé a permis de garder le contact, de répondre à des problématiques dues au confinement. Les coordinatrices ont joué également à plein leur rôle de médiatrice mais de chez elle, au téléphone, en multipliant les relais d’informations et les messages de prévention. Nous avons mis en place, dès mi-mars, une cellule dédiée covid en interne avec des volontaires (responsable RH, responsable de secteur, assistante comptable, secrétaire, direction des services, responsable mandataire, animateur, référent développement durable ainsi que 3 membres du CSE). Cette cellule se réunissait deux fois par semaine et a pris toutes les décisions collégialement et en corrélation des besoins soulevés. Toutes les mesures ont été supérieures aux attendus des préconisations tant sur le matériel de prévention que sur le droit au moindre risque, tant sur les facilités pour prendre du recul que sur la qualité de notre réponse en mode dégradé. De nombreux messages de télégestion ont été transmis pour garder un lien permanent et un fort encouragement aux bonnes volontés.
Quelles actions spécifiques votre structure a-t-elle mis en place durant cette crise ?
Aid’Aisne s’est d’abord appuyée sur ses fondamentaux qui sont des équipes autonomes, une association délibérée et une pyramide inversée. Ces forces tiennent en ses ressources diverses et spécifiques : 5 coordinatrices de parcours, un responsable développement durable et RSO, une responsable animation, des assistantes sociales, des référents aide alimentaire, un référent sport santé adapté, … La cellule interne COVID a été le cerveau de nos décisions : équipement de protection individuelle (EPI) de qualité et en nombre suffisant, des messages de proximité, une équipe covid de terrain dédié pour les malades de retour à domicile, un protocole auprès des bénéficiaires et des familles et des interventions auprès du CSE présent dans la cellule interne. Cette cellule a été utile également aux coopérations : projet de portage de courses avec le CCAS de Saint-Quentin, soutien de la banque alimentaire, missions avec l’Espace Ressources Cancer de Saint-Quentin, coopération avec le SAAD d’Avenir Rural pour mutualiser des aides à domicile prêtes à intervenir dans la cellule COVID dédié avec véhicule de service, protection supplémentaire, organisation propre et garantie par l’autonomie et la responsabilité… Post COVID, depuis juin, la cellule a organisé le renforcement de la cellule covid terrain en la renforçant par nos assistantes sociales qui font du suivi des situations, par une psychologue externe, une socio-esthéticienne, par l’ouverture de nos jardins solidaires en permaculture et la reprise des ateliers de prévention de la santé des bénéficiaires et des aidants. Cette cellule, assez unique, pourrait être conservée afin de répondre aux urgences sanitaires mais aussi à des crises spécifiques.
Quels sont vos principaux enjeux dans les prochains mois ?
Nous souhaitons re-négocier nos contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) avec le Conseil départemental de l’Aisne afin de leur faire comprendre que le système horaire de l’aide à domicile est inadaptée et que la crise a démontré que l’accompagnement « par tournée » avec autonomie et responsabilité apportait confiance et transparence. Nous voulons poursuivre le développement des équipes autonomes et délibérées et développer le sport-santé pour nos collaborateurs et les bénéficiaires. Enfin, nous devons parvenir à trouver l’équilibre entre notre vision et les partenaires financiers qui peuvent accompagner alors que le monde solidaire est oublié avec la fin (ou probable fin) de l’épidémie.
Télécharger l’interview de Dominique VILLA - Directeur général de Aid’Aisne