Entretien avec Nicolas Schmit, Commissaire européen à l'Emploi, aux Affaires sociales et à l'Insertion
Vous préparez actuellement un Plan d'action pour l’économie sociale qui sera lancé en 2021. Que contient ce programme en matière d’emploi, de compétences et de protection sociale ?
Le Plan d’action est en phase de consultation : nous avons invité citoyens et parties intéressées à nous envoyer leurs commentaires avant le 26 avril. Avec ce Plan d’action, nous souhaitons améliorer l’accès des entreprises au financement et aux marchés publics afin qu’elles puissent gagner en visibilité, se développer et recruter. Nous cherchons également à mieux former les plus jeunes à l’entreprenariat social. Comme ailleurs, les structures de l’économie sociale et solidaire ont besoin des bons profils pour grandir.
En soutenant l’ESS, ce Plan d’action participera à la reconstruction d’un tissu social mis à rude épreuve depuis plus d’un an. Nous savons aussi que c’est avec l’engagement plein et entier des entreprises de l’économie sociale et solidaire que nous parviendrons à remplir nos objectifs de long-terme, notamment en matière de création d’emplois, d’intégration sociale et de lutte contre la pauvreté et l’exclusion.
La crise sanitaire a engendré de grands bouleversements sur le marché du travail. Que prévoit la Commission à l'égard des petites entreprises dans ce contexte ?
La Commission européenne n’a eu de cesse de soutenir les PMEs pendant la crise, et nous continuons dans cette direction.
Il est par exemple difficile pour les petites structures de faire face à la hausse ou la baisse brutale de la demande. Dans le cadre des plans de relance financés par l’UE, nous avons donc encouragé les États membres à renforcer les aides à l’embauche et à la reconversion professionnelle avec le soutien des services de l’emploi. Ce peut être l’opportunité pour les petites entreprises de continuer à se développer ou de faire évoluer leurs activités en puisant dans un vivier local. Les secteurs les plus frappés par la crise ont accès à des aides spécifiques. Le chômage partiel est également une mesure qui aide ces PME.
Quelles sont les grands leviers d’actions en faveur du développement de l’ESS au niveau Européen ?
Notre Plan d’action se veut un vecteur de développement, tout comme le financement mis à disposition par notre Fonds Social Européen + et le programme d’investissement « InvestEU ».
Mais je vous répondrais en prenant la question à l’envers : c’est le développement de l’économie sociale et solidaire qui nous permettra d’atteindre nos objectifs à l’échelle européenne. C’est à ce titre que cette économie sera sollicitée.
Notre priorité est en effet de rendre nos économies plus vertes et plus numériques. Sur le numérique, il s’agit d’un bouleversement majeur – pensez à la télémédecine, qui se développe. L’ESS peut aider à réduire une fracture numérique encore trop importante. La transition écologique, quant à elle, figure depuis longtemps dans l’ADN de l’ESS, et plus récemment dans celui de la Commission européenne. Des initiatives majeures de ce mandat en matière de rénovation énergétique et d’économie circulaire ne pourrons aboutir qu’en comptant sur l’expérience acquise en la matière par les entreprises de l’économie sociale et solidaire. Dans ces transformations l’ESS est la mieux placée pour pleinement prendre en compte la dimension sociale pour assurer des « transitions justes ».